Pourquoi la science-fiction est-elle un genre en perte de vitesse ?

La science-fiction a acquis une renommée mondiale dans le monde des séries grâce à Star Trek en 1966, qui est une des seules séries de S-F qui a réussi à s'étoffer durant plus de 35 ans, même après de multiples spin-off. Néanmoins, dès 1978 et 1985 avec respectivement les séries Galactica et V, annulées sans véritable fin, la S-F n'a jamais réussi à faire décoller son public et ce, même trente ans plus tard, malgré une base de fans solides et des progrès énormes dans les effets spéciaux. Le public est rarement au rendez-vous pour toute une saison, voire plusieurs épisodes. Seules quelques petites exceptions sont notables dont Lost,Battlestar Galactica et Stargate.

Revenons sur Stargate, qui, avant la fermeture de la Porte des Étoiles en 2011, a marqué un réel tournant dans le cercle de la science-fiction. Pourquoi une telle réussite ? Et bien les premières saisons étaient comportées d'épisodes plus ou moins stand-alone permettant à n'importe quel téléspectateur lambda de pouvoir accrocher la série en cours de route et/ou de se permettre de rater des épisodes de temps à autre. C'est vers la saison 4, alors que la série nécessite de plus en plus de ''Previously on Stargate'' qu'elle prend un ton régulier et articule ses arcs narratifs, contraignant donc le téléspectateur à devoir suivre la série plus intensément.

Finalement annulée en cinquième saison, la série sera toutefois reprise par Syfy, une chaîne de science-fiction pour les fans du genre, qui colle en tout point avec la franchise et qui va lancer en 2004 le spin-off Stargate Atlantis. Mais les audiences déclinent et Stargate SG-1 sera finalement annulée au bout de sa (quand même) dixième saison puis Stargate Atlantis en 2009, même si la chaîne tente un dernier essai en lançant Stargate Universe la même année. Seulement rien n'y fait, seuls les fans de la première heure restent fidèle à leur série et les audiences de plus en plus mauvaises amènent le SGC à fermer définitivement ses portes en 2011 après 14 ans d'activité. Le public a complètement déserté. Une porte de la science-fiction est enterrée.

Bien évidemment, le cas de Stargate n'est pas unique. Il l'est particulièrement pour sa longue durée dont elle peut se venter fièrement, car d'autres séries n'atteignent même pas le cap de la deuxième saison et celles qui l'obtiennent l'ont grâce à une base de fans souvent très active. Pourtant, on peut remarquer que les séries de S-F ont souvent un démarrage carton.

Lancement des séries S-F:

Fringe : 9,3 millions

V : 14,3 millions

Flash Forward : 12,5 millions

The Event : 10,9 millions

Terminator: The Sarah Connor Chronicles : 18,4 millions

Heroes : 14,1 millions

The Cape : 8,5 millions

Des exemples parmi tant d'autres, toutes les séries citées ci-dessus ont 2 points communs : elles ont subi des chutes d'audiences incroyables qui tournent autour de 2 à 5 millions de téléspectateurs et elles ont été annulées sans fin (à l’exception de Fringe qui est un exemple de ce que les séries autres séries ont eu droit comme traitement, l'annulation pure et simple).

Alors pourquoi un tel désintéressement de la part du public ?

Ces séries sont souvent compliquées à suivre à cause de leurs thématiques complètement imaginées, et elles ont du mal à convaincre un public varié qui se doit - pour une parfaite compréhension - de voir chaque épisode. Remarquons que les séries n'ayant que des épisodes indépendants (comme X-Files, ou les débuts de Fringe) qui permettaient aux spectateurs d'accéder à un épisode = une enquête, ont bien marché.

Comme dit précédemment, une série de science-fiction nécessite un visionnage du moindre épisode, c'en est presque devenu une règle. Pour un spectateur qui entame Fringe à sa troisième saison sans rien n'avoir vu avant, il sera dans l'incapacité de comprendre la série parfaitement. Il en est de même pour des personnes prenant en cours de route des séries comme Flash Forward ou encore The Event.

De plus, la tendance involontaire qu'ont les chaînes de ne pas diffuser une série d'un seul coup pour tenir durant une saison entière implique un relâchement du public (pour la plupart des séries) qui, après plusieurs semaines de coupure, ne sait plus forcément où en est l'intrigue. Et ça, les séries du câble l'ont très bien compris, comme par exemple Falling Skies diffusée sur huit semaines et qui a su tenir son audience tout le long de l'été, ou encore Terra Nova qui, même si elle n'a pas été carton, a su conserver plus ou moins son public. Lost avait aussi eu ce problème lors de sa troisième saison, les fans protestants contre les pauses rendant la série difficile à suivre. Pour pallier à ce problème, Lost fut diffusé à partir de janvier seulement dès la saison 4 avec des saisons réduites de 14-16 épisodes.

Des séries n'attirant qu'un public restreint.

Le téléspectateur lambda va plutôt se diriger vers une série comique ou qui ne nécessite pas une très grande réflexion. Il se dirige là où il pourra y trouver un certain espace de détente, comme avec une sitcom ou une série policière avec une enquête par semaine. De plus, le public est à la recherche d'une série à regarder en famille, alors qu'une série de science-fiction va plutôt exiger d'être regardée seul ou à deux pour garder le plus d'attention possible sur l'action.

Ainsi on peut constater que les séries de science-fiction attirent les spectateurs pour l'effet de curiosité, notamment grâce à des budgets importants mis en place afin de mettre la série hautement en valeur (par exemple V dont le premier épisode est très réaliste mais dont la suite de la saison a souffert d'un budget plus serré), puis le public s'en va doucement mais sûrement vers des séries plus légères et laisse ainsi les séries de science-fiction à l'abandon qui se terminent très souvent dans l'indifférence la plus totale et sans series-finale digne de ce nom.

Pour terminer, quelques graphiques représentant des séries de science-fiction dont l’audience s'est détériorée au fil des épisodes.