RETROSPECTIVE UNE NOUNOU D'ENFER (5/5) : le parcours de la série sur CBS
Après une rétrospective sur la série "Malcolm" par Antoine Blanpain, un nouveau lecteur fidèle de AudiencesUSA.com nous propose tout au long de la semaine une rétrospective sur une sitcom culte des années 90 : "Une Nounou d'Enfer". François revient sur le parcours de cette série diffusée par CBS entre 1993 et 1999 aux Etats-Unis. Une rétrospective composée de cinq parties.
Découvrez ce vendredi la 5ème et dernière partie.
> Rétrospective "Une Nounou d'Enfer", Partie 1/5 <
> Rétrospective "Une Nounou d'Enfer", Partie 2/5 <
> Rétrospective "Une Nounou d'Enfer", Partie 3/5 <
> Rétrospective "Une Nounou d'Enfer", Partie 4/5 <
PARTIE 5 / 5
Bill Cosby assassine la Nounou
La série mère, elle, est toujours un franc succès. Les audiences de la saison 3 sont stables par rapport à la saison 2. La Nounou est toujours la série N°1 de CBS. Pourtant, ce n’est pas suffisant. Lee Moonves, propulsé alors à la tête de CBS, rêve lui aussi de grandeur. Et pense que la sitcom N°1 de la chaîne devrait faire plus d’audience que cela. En effet, quand un spot publicitaire se vend 250.000 dollars pour la Nounou, il en rapporte 400.000 pour Friends sur NBC. Moonves se met alors à la recherche d’une sitcom qui pourrait tout écraser sur son passage et faire enfin passer CBS dans la cour des grands.
Il va trouver son messie en la personne de Bill Cosby, pape des audiences des années durant avec son fameux Cosby Show. Pour le convaincre de signer avec sa chaîne, Moonves va lui proposer un deal absolument faramineux, encore inédit à l’heure d’aujourd’hui : une commande directe de 2 saisons, soit 44 épisodes, sans même avoir vu de pilote. Et si Cosby pouvait encore se montrer hésitant, Moonves va tout de suite le rassurer en faisant littéralement exploser le carnet de chèque de CBS avant un deal à pas moins de 44 millions de dollars. Du jamais vu dans l’histoire de la télévision américaine. Et une pure folie de l’avis des experts de l’époque.
Mais Moonves est sur de son coup. Toutefois, soucieux d’offrir l’exposition maximale à son investissement, il prie gentiment la Nounou de laisser son créneau horaire à Cosby. Fran se retrouve ainsi relegué à la case départ : le mercredi 20h, son jour de diffusion original.
Heureuse conclusion pour Fran, Cosby sera très loin d’être le carton espéré, avec une audience en moyenne 10% inférieure à celle de la Nounou. L’humiliation est totale pour Bill Cosby qui ira jusqu’à déclarer dans la presse être prêt à dédommager CBS et à les laisser annuler sa série avant les 2 saisons conclues. Un échec que payera cher Cosby qui n’aura plus jamais de rôle probant après cette aventure.
Le mariage qui signe l’arrêt de la mort de la série
Mais le mal est fait. Avec son déménagement au mercredi, Fran perd un tiers de son auditoire. La saison 5 de la Nounou sur la saison 1997-1998 entérinera cette baisse d’audience en ne réunissant plus que 11,5m de téléspectateurs, battu par Spin City sur ABC et au coude-au-coude avec Beverly Hills sur FOX. En mai 1998, Drescher et Jacobson décident, en accord avec CBS, de donner un coup de boost aux intrigues afin de faire grimper l’audience. On assiste alors enfin au mariage de Fran et Maxwell. Fran ne le sait pas encore mais en décidant de célébrer le mariage qui a tenu des millions d’américains en haleine pendant des années, elle vient de signer l’arrêt de mort de sa série.
Et pour cause, le public a presque le sentiment d’avoir vu la fin du show. La boucle est bouclée. Le jeu qui consistait à analyser à l’infini les signes d’affection entre Fran et Mr Sheffield – et sur lequel reposait une bonne partie des ressorts comiques du show – est terminé. La nounou n’est plus une nounou. La série perd de sa splendide, de sa dynamique, de son humour. Et devient prévisible, routinière. Et le public ne s’y trompe pas. L’audience s’effondre.
Les derniers épisodes déprogrammés
La ringardisation de la sitcom de Drescher est accentuée par l’arrivée d’une nouvelle génération de séries humoristiques plus modernes à l’image d’Ally McBeal ou des Dessous de Veronica. La nounou se fait d’ailleurs désormais très nettement distancée dans sa case par l’une d’entre elles : Dharma et Greg sur ABC. Elle est également battue par Beverly Hills sur FOX, pourtant également en baisse, ainsi que le newshow Dateline sur NBC. L’histoire ne le dit pas mais nul doute que Drescher dît amèrement regretter sa décision de célébrer si tôt le mariage entre Fran et Maxwell.
Drescher et Jacobson savent qu’ils jouent leurs dernières cartes et effectivement, la sentence ne tarde pas à tomber : la saison 6 de la Nounou sera la dernière. Mais devant la chute d’audience qui n’en finit plus, CBS va carrément décider de déprogrammer la série à compter de l’épisode 14 de la saison 6, au mois de mars. La diffusion ne reprendra que le 12 mai 1999 et… directement avec le double épisode final, soit 6 épisodes restés sur les étagères de la chaîne. Les téléspectateurs américains découvriront ainsi le final sans être au courant des événements survenus lors de ces 6 précédents épisodes. CBS se contentera de les bazarder dans l’indifférence générale au mois de juin.
Malgré cette fin en eau de boudin, La Nounou n’en restera pas moins une sitcom culte. En France notamment, la série a fait les beaux jours de M6.
Que sont-ils devenus ?
Plus de 12 ans après l’arrêt de la série, que sont devenus les acteurs ? Drescher ne connaitra donc pas le destin de Lucille Ball. Après une première tentative de retour raté sur WB avec l’insipide « Living With Fran », et une seconde également avortée d’un projet avec Rosie O’Donnell, Drescher a enfin retrouvé un modeste succès avec sa sitcom Happily Divorced sur TV Land. Signe que le star ne s’est jamais réellement remise de l’arrêt de la Nounou, elle y multiplie grossièrement les allusions à sa série phare et y invite ses anciens partenaires de jeu.
De leurs côtés, les autres stars du show ont sans doute payé leurs images de faire-valoir de l’époque. Charles Shaugnessy (Maxwell) et Madeline Zima (Grace) vivotent de petits rôles plus ou moins importants, notamment dans Mad Men pour le premier et Californication pour la seconde. Nichole Tom (Maggie) et Renée Taylor (Sylvia) en font de même, avec moins de « succès ». Rachel Chagall (Val) et Benjamin Salisbury (Brighton) seront peut-être ceux qui s’en seront le moins bien sorti, ce dernier ayant récemment tourné une pub pour Domino’s Pizza en tant que livreur.
De leurs côtés, Ann Guilbert (Grand-mère Yeta) et Daniel Davis (Niles) ne reprendront pratiquement plus jamais le chemin des studios pour privilégier le théâtre, notamment à Broadway. Davis a notamment joué dans la version US de la Cage aux Folles. Enfin Lauren Lane (C.C.) mettra un terme à sa carrière d’actrice pour élever ses enfants. Elle fait depuis quelques rôles dans des pièces de théâtre amateur.
FIN DE LA RETROSPECTIVE