TOP Séries, Place 13 : The Killing
Pour la deuxième année consécutive, AudiencesUSA.com vous présente le Classement Série de la Saison 2011 / 2012. Ici, pas d'audience ou de taux sur les 18-49 ans pour dresser le TOP 45 de l'année. Mais un jugement critique, impitoyable et qui ne mettra pas forcément tout le monde d'accord. Les commentaires seront bien évidemment là pour exprimer votre approbation ou votre indignement face au classement proposé.
Cette année, le classement vous a été concocté par François et Tao du site www.Id-Series.com. Un TOP 45 qui sera déroulé jusqu'à début septembre.
On rappelle que ce classement série a pour objectif de proposer 45 critiques de séries diffusées au cours de la saison 2011 / 2012. Des critiques portant sur des séries qui ont marquées ou caractérisées l'année pour diverses raisons. Le TOP 45 est donc un ordonnancement des 45 séries qui seront reviewées pendant ces quelques semaines. Mais attention : si une série ne figure pas dans le classement, ça ne veut pas dire qu'elle est jugée pire que les 45 séries présentes. Bonne lecture !
PLACE 13 : THE KILLING (saison 2)
Il y a déjà un an, le dernier épisode de la saison 1 de The Killing se faisait laminé par la critique américaine pour ne pas avoir dévoilé l'identité du meurtrier de Rosie Larsen. L'accusation ne portait pas tant sur l'univers de la série (bien que des drinking game avaient fait surface, consistant à boire à chaque nouvelle scène de pluie) que sur la promesse qui n'avait pas été respectée.
Mais avec le recul, comment aurait-t-elle pu procéder autrement ? D’un point de vue marketing, il était totalement impensable de vendre la série en disant à l’avance qu’elle ne serait pas résolue au bout de la première saison. Néanmoins, cette « erreur » lui aura certainement coûté la vie.
Mais les critiques n’en restent pas moins stupides. D'autant plus que pour appuyer leur propos, la plupart d'entre eux se basent sur la série originale, Forbrydelsen, qui résolvait effectivement le meurtre de la Rosie locale au bout de la première saison. A la différence près que la première saison de la série danoise comptait 20 épisodes d'une heure chacun, soit peu ou proue la durée des deux saisons de The Killing US réunies.
La vraie difficulté des scénaristes de The Killing US était d'avoir deux saisons distinctes, risquant ainsi la comparaison entre ces deux saisons alors qu'en réalité, elles ne forment qu'un seul et même bloc. En cela, le cliffangher de la saison 1 était assez superflu. Rétrospectivement, on se dit que la saison 1 n'a pas servi à grand chose, du moins purement en ce qui concerne l'enquête. Sauf que ce n'est absolument pas la lecture qu'il faut avoir de The Killing.
Le mot « lecture » n'est pas choisi au hasard. Jamais une série n'a été aussi proche d'un livre. D'une vraie enquête de police. Il ne faut pas omettre que The Killing se déroule quasiment en temps réel, chaque épisode couvrant un jour. Bien sûr, le temps réel dans The Killing n'est pas le même que celui de 24. Il se passe moins en un épisode de The Killing que pendant la pub de 24. Mais c'est justement tout ce qui fait le charme, l'authenticité, la véracité, l''émotion de la série.
La télévision américaine nous a tellement habitués à l'instantanéité des intrigues qu'une telle série, forcément, déroute. Dans Les Experts, le mari n'a même pas le temps d'égorger sa belle-mère (qui est en réalité sa tante), qu'il est déjà en taule pour un poil pubien laissé dans sa maison 20 ans auparavant. A l’inverse, comme dans un vrai roman polar, The Killing prend le temps de nous faire connaitre les enquêteurs, leurs failles, leur passé, allant jusqu'à leur consacrer des épisodes.
On se souvient par exemple de l’épisode de la saison 1 consacré à la vraie fausse disparition du gamin de Linden. La saison 2 consacre également un épisode à Linden, quand cette dernière se fait enfermé en asile par les Indiens. Deux épisodes descendus par la critique, pour la bonne et simple raison qu’ils ne faisaient pas avancer l’intrigue policière.
Drôle de reproche ! Ces mêmes critiques fustigent les cop shows de CBS pour mettre en scène des enquêteurs robots interchangeables dont on ne connait rien de la vie et lorsqu’une série s’intéresse en priorité à ses personnages, elle devient chiante et lente. Néanmoins, il est vrai que l’épisode dans l’asile faisait un peu pièce rapportée, on se serait presque cru dans Melrose Place avec la lobotomie de Peter.
Il n’en reste pas moins que le parcours de Linden au cours de cette saison est absolument fascinant. Cette enquête la rend complètement folle, obsessionnelle. C'est la vraie réussite de la saison. Au-delà même de l'enquête. Le personnage est d’autant plus hypnotisant qu’elle est incernable, d’une pudeur et d’une sobriété incroyable. Le téléspectateur est amené à creuser, à lire entre les lignes pour apprendre à connaître le personnage.
Sortie de nulle part, Mireille Enos est une grande actrice. L'improbable duo qu'elle forme avec Holder, ancien camé devenu flic, destiné à être raté, est l'une des plus grandes réussites de ces dernières années en matière de relation entre des personnages. D'autant qu'une fois n'est pas coutume, on ne nous les avait pas vendus comme un énième couple à la Mulder et Scully. Ils vivent l'enquête de manière si intensive, si compulsive qu'ils parviennent à la rendre absolument passionnante. Bien sûr, on n’aurait pas été contre qu’Holder mette un petit coup à Linden sur la fin de saison, sur une belle couverture Jacquart pour faire écho aux ignobles pulls de cette dernière, mais ne soyons pas trop gourmands.
Mais au final, le talent de The Killing aura été d’avoir rendu passionnante et bourrée de rebondissements une enquête qui, finalement, n’avait rien de si exceptionnel. Horatio aurait pu la résoudre au cours d’une simple séance d’UV. Et c’est en grande partie grâce à la psychologie des personnages, mais également à des thématiques secondaires passionnantes (notamment la course autour de l’élection et le deuil des Larsen), mais également l’ambiance glauque, pluvieuse, presque macabre du show.
Il y a évidemment quelques ombres au tableau, notamment le passé de Stan et ses intrigues mafieuses de série B avec les rushkoff méchants contre le gentil repenti qui va faire ses excuses au prof au look tout droit sorti de la daube intergalactico-scientologique de John Travolta.On regrette aussi parfois que la série ait recours à des procédés trop ”mainstream”, comme le fait que Linden et Holder se retrouvent seuls contre le monde, comme tout bon flic qui « détient la vérité ».
Les premiers épisodes de la saison sont également un peu rasoirs. La paralysie de Richmond donne lieu à des longueurs, le parcours psychologique de Mitch Larsen suite à la mort de Rosie était un peu lunaire et les doutes de Linden sur la sincérité de Holder faisaient relativement office de remplissage. La mi-saison marque un vrai changement, relançant la machine sur les 3 tableaux: le deuil des Larsen, l'investigation qui redevient aussi passionnante qu'aux premiers instants et la course à l'Office, plus perverse que jamais. Les trois aspects de la série vont alors peu à peu se croiser, s'imbriquer pour parvenir à une conclusion magistrale, et d'ailleurs différente de la version danoise dans laquelle un employé des Larsen était le coupable.
Le final respire une intensité rare, comme si la série était montée en puissance au fil des 26 épisodes. La scène de la révélation du « vrai » coupable (ceux qui l'ont vu comprendront) est probablement l'une des scènes les plus fortes de la saison, toutes séries confondues. La rage côtoie l'incompréhension, le choc, la tristesse, les regrets. Les comédiens parviennent à nous faire ressentir tout cela, presque sans dire un mot. Une prouesse. Une vraie prouesse.
RENDEZ-VOUS DEMAIN A 9H POUR DECOUVRIR LA PLACE N°12.
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