RETROSPECTIVE MALCOLM (1/4) : le parcours de la série sur FOX

5 Décembre 2011 , Rédigé par Antoine Blanpain Publié dans #Rétrospective

 

Tout au long de la semaine, découvrez chaque jour une rétrospective en quatres parties retraçant les audiences de Malcolm in the Middle, une comédie qui a relancé le genre de la sitcom et qui a marqué sa décennie avant de connaitre un déclin progressif. Un dossier réalisé par le site Malcolm-France en partenariat avec AudiencesUSA.com. Ecrit par Antoine Blanpain.

 

Un projet qui prend des risques


Nous sommes en 1999. Au sein de la FOX, c'est la débandade. Les séries phares de la chaîne comme X-Files et Beverly Hills arrivent en fin de vie, tandis que les nouveautés lancées à l'automne sont de retentissants échecs, tous genres confondus : Time of Your Life, Ryan Caulfield, Harsh Realm, Get Real et, plus surprenant, Les Griffin avant sa résurrection et son succès futur. La chaîne se raccroche à des programmes de télé réalité dont elle ne tire pas une grande fierté.

À la veille du nouveau millénaire, après avoir connu son apogée pendant toute une décennie, le genre de la comédie est en déclin à la télévision. Les audiences sont globalement à la baisse, l'originalité n'est pas de mise, l'écriture laisse parfois à désirer et, inlassablement, on retrouve les mêmes décors préfabriqués d'appartements et de bureaux. Si les comédies de ce type sont toujours bien installées sur les chaînes hertziennes, comme en témoignent Frasier, Friends, Dharma & Greg, Will & Grace ou Tout le monde aime Raymond, de nombreuses sitcoms récemment mises à l'antenne se sont révélées être des fiascos.

Linwood Boomer, acteur notable de La Petite maison dans la prairie reconverti en producteur et scénariste à la fin des années 80, développe alors une idée de comédie qui revitalise le genre. Son titre : Malcolm in the Middle. La chaîne UPN se montre a priori intéressée par le projet mais bien vite, les producteurs refusent l'offre dérisoire de la chaîne. À cette époque, personne ne croît en une comédie au format aussi atypique, mais pourtant révolutionnaire et qui sera la clé de son succès : tournages en extérieurs, multiples décors, utilisation d'une seule caméra à la manière des films cinématographiques, tournage sans public et sans rires enregistrés, post-production soignée avec musique et effets spéciaux.

C'est alors que la FOX, une des grandes chaînes américaines, prend le pari risqué de commander une saison standard de 13 épisodes pour le projet, tout cela grâce à l'intervention de Doug Herzog, fraîchement arrivé à la tête de la FOX, qui lit le script lors d'un voyage en avion et rigole tellement qu'il accepte directement de produire la série. "Ma naïveté a joué en ma faveur, avoue-t-il. C'était un script à propos d'un gamin de 9 ans, une série filmée avec une seule caméra, sans rires enregistrés, écrite par un scénariste méconnu. C'était authentique. C'était drôle. C'était politiquement incorrect. J'ai dit : 'Donnons-lui une chance !'"




Un lancement en grande pompe


La FOX l'a compris, les téléspectateurs veulent une comédie plus travaillée, plus réaliste, plus osée et plus honnête. En mai 1999, la chaîne annonce son intention de diffuser Malcolm le dimanche à 19 heures à compter de l'automne. Mais dans les coulisses, Herzog, patron de la FOX, met au courant Linwood Boomer, créateur de Malcolm, que la série fera en réalité ses débuts à la mi-saison, au mois de janvier. Il s'agit d'une ruse pour éviter que la comédie soit noyée parmi les multiples nouveautés que la chaîne va proposer à la rentrée.

Boomer est ravi : sa série pourra ainsi profiter de plus de visibilité, et tous les épisodes commandés sont tournés avant même que la chaîne puisse trouver des changements à apporter, d'autant plus que les projections tests se sont révélées catastrophiques, le panel décriant le côté trash et immoral de la série. Boomer ironise à ce propos : "On entend dire comme quoi l'épisode n'a pas bien fonctionné auprès des garçons de 12-14 ans, et qu'il faut donc ajouter un personnage de 14 ans. Non, il faut juste se soucier de faire une bonne série !"

Les semaines qui précédent l'arrivée de Malcolm sur les ondes, la FOX met en place une stratégie de promotion agressive dont le coût s'élève à plus de cinq millions de dollars. Des spots publicitaires sont diffusés sur les radios et les chaînes câblées adressées aux jeunes adultes, des affiches géantes sont placardées à travers le pays.



Un succès retentissant…


Ainsi, le premier épisode de Malcolm est diffusé le 9 janvier 2000 à 20 h 30 sur la FOX, juste après Les Simpson et avant X-Files. La série est donc placée entre deux hits de la chaîne, et le succès va au-delà des espérances des dirigeants. Le premier épisode de la série, où Malcolm nous fait découvrir son monde tandis qu'il apprend à son grand désespoir son intégration dans une classe de surdoués, réunit en effet 22,4 millions de curieux.

Le taux sur les 18-49 ans, la cible privilégiée des annonceurs, est astronomique et atteint 11,1 %, classant l'épisode deuxième sur cette cible-clé, juste derrière un épisode de Urgences. Malcolm fait même mieux que Les Simpson sur les 18-49 ans et réalise le deuxième meilleur démarrage d'une série sur la chaîne depuis 10 ans et celui… des Simpson.

La FOX se félicite d'avoir trouvé un nouveau succès, mais encore faut-il le confirmer… Le second épisode, bénéficiant de l'incroyable buzz que génère la série dans les médias qui acclament la série, réussit l'exploit de piquer l'intérêt de presque un million de téléspectateurs supplémentaires, avec 23,3 millions de curieux (11,7 % sur les 18-49 ans), ce qui restera le meilleur score historique de la comédie. L'air entrainant du générique des They Might Be Giants s'installe déjà dans l'inconscient des Américains...



… et durable


Les semaines suivantes, Malcolm accuse une baisse logique dans les audiences, mais se stabilise à un excellent niveau. Le troisième épisode captive 19,3 millions d'américains (9,7 % sur les 18-49 ans), le quatrième 16,8 millions (7,8 %) et le cinquième 17,9 millions (8,4 %).

Si le succès est au rendez-vous, il faut rappeler que Malcolm est confortée par le lead-in (programme diffusé juste avant) très compatible des Simpson qui attire chaque semaine environ 13,9 millions de téléspectateurs (8,2 %) (la série est d'ailleurs déjà surnommée "Les Simpson en chair et en os") et le lead-out (programme suivant) de X-Files avec ses 13,6 millions de téléspectateurs (7,7 %). Malgré tout, cette petite comédie qui a failli ne pas voir le jour réalise un tour de force sur la FOX en s'imposant devant une concurrence musclée sur les chaînes concurrentes : Les Anges du bonheur (17,2 millions de téléspectateurs en moyenne) sur CBS, Le Monde merveilleux de Disney (12,8 millions) sur ABC et New York 911 (11,2 millions) sur NBC.

La FOX demande la production de trois épisodes supplémentaires pour prolonger le succès de la série qui, en atteignant 16 épisodes, pourra achever sa saison en mai, comme toutes ses autres séries du diffuseur. Les scénaristes comptent pousser le délire très loin et imaginent un terrible cliffhanger pour tenir en haleine les téléspectateurs jusqu'à la diffusion du premier épisode de la saison 2. Dans le script original, la baby-sitter de Dewey tombe amoureuse du jeune garçon et le kidnappe, lui teint les cheveux en noir et s'enfuie vers la frontière mexicaine en lui répétant : "À partir de maintenant, tu t'appelles Pepe." Mais une histoire mettant en scène un adulte tombant amoureux d'un enfant et le kidnappant fait bondir les instances supérieures de la FOX, qui exploite désormais pleinement son droit de regard sur les scripts. Après ça, la syncope et le décès supposé de Mme White sont passés comme une lettre à la poste !



À l'issue de sa première saison, Malcolm a réalisé une moyenne de 15,2 millions de téléspectateurs pour un taux de 8,9 % sur les 18-49 ans (soit 10,7 millions de personnes, donc deux tiers du public !), en faisant la 12e série la plus regardée (18e sur l'ensemble des programmes) de la saison 1999-2000. Cette année-là, c'est la seule nouveauté de la FOX à décrocher une seconde saison.

 

Rendez-vous demain, mardi 9h, pour la deuxième partie de cette rétrospective.

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