[Rétrospective] Melrose Place, l'ultime soap : Partie 2
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AudiencesUSA.com vous propose de passer une semaine exceptionnelle du coté du 4616, Melrose Avenue. Chaque jour à 8h, retrouvez une nouvelle partie de la rétrospective évènement "Melrose Place".
Des audiences désastreuses
Le tournage des premiers épisodes ne se fait pas sans heurts : au mois d’avril, des émeutes éclatent dans tout Los Angeles. La production prend du retard. Elle paye également l’inexpérience de certains acteurs. Josie Bisset, par exemple, a beaucoup de mal à jouer les scènes de « sexe » avec Thomas Calabro.
Tant bien que mal, les épisodes sont mis en boite mais le rêve va peu à peu se transformer en cauchemar. La série se fait ainsi descendre par la critique. Les intrigues sont décriées, jugées complètement inutiles, inintéressantes, peu ambitieuses. Et ces virulentes opinions commencent à faire tache d’encre sur l’autre produit jeune de la FOX : "Beverly Hills". La FOX aurait-elle commis un péché d’orgueil et de gourmandise en commandant ce spin-off ? Les premières audiences tendent à le prouver.
En effet, une fois les personnages de "Beverly Hills" disparus, la série chute fortement : plus de 20% du public déserte "Melrose Place". Et cela ne s'arrête pas là. Si les audiences restent à peu près correctes durant l'été, l'arrivée de la concurrence en septembre provoque l'effondrement de la série. Elle passe d'un taux foyer de quasiment 10% à seulement 6.2% le 30 septembre 1992. Il faut dire que ce jour là, en plus de la concurrence habituelle de "Home Improvement" (ABC) et "Seinfeld" (NBC), qui capitalisaient plus de 40 millions de téléspectateurs, CBS diffusait les "CMA Awards", un programme réunissant un peu moins de 30 millions d'américains ! Autant dire que l'espace télé était saturé et sans véritable qualité, "Melrose Place" ne pouvait s'en sortir. Jusqu'à janvier 1993, la série resta basse, avec des taux inférieurs à 7.0% et une dernière position dans sa case horaire.
Le bras de fer entre Darren Star et la FOX
Les dirigeants de la chaine se mettent alors à harceler littéralement Darren Star : il faut faire quelque chose. Et vite. Aaron Spelling veut refaire venir les personnages de "Beverly Hills" dans "Melrose" mais Star s’y oppose catégoriquement : il faut que "Melrose" prenne son envol.
Dans une interview, il déclare ainsi que mettre les personnages de "Beverly Hills" dans "Melrose" était comme mettre une ceinture de chasteté à la série, la série originale étant plus gentille que sa petite sœur. Star demande ainsi l’autorisation à Sandy Grushow, directeur des programmes de la chaine, de rendre la série plus sexy, plus sexuelle. Ce dernier accepte, rétorquant que, contrairement à "Beverly Hills", tous les personnages sont majeurs donc qu’ils n’hésitent pas à coucher si ça peut faire monter l’audimat !
Les intrigues ne sont toutefois pas les seules cibles des critiques : certains membres du casting sont également assassinés par la presse à l’image d’Amy Locane, l’insipide interprète de Sandy Harling. La FOX reçoit ainsi des courriers par milliers suppliant Locane d’abandonner son faux accent du Sud des Etats-Unis. La chaine finira par sommer l’actrice de le faire.
La FOX fait le grand ménage
Ainsi, lors de mi-saison 1992-1993, la FOX va tout bonnement transformer la série. Amy Locane, jugée comme l’actrice la plus faible du show, va tout bonnement se faire virer. Darren Star et son équipe sont également sommés de modifier le contenu créatif de la série : plus de feuilletonant afin de fidéliser le public. Ce n’est évidemment pas pour déplaire à l’équipe scénaristique qui en profite au passage pour recruter deux nouvelles actrices qui seront chargées de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière. C’est ainsi que Laura Leighton et Marcia Cross rejoignent le show et deviendront deux des garces les plus mythiques de l’histoire du soap opera. Cross était d’ores-et-déjà apparu au mois de septembre 1992 mais ne fera son retour qu’au mois de décembre de la même année.
Darren Star caste également son ancienne colocataire Daphné Zuniga dans le rôle de la photographe Jo Reynolds. Mais cela ne suffira pas, les audiences s’effritent de semaine en semaine pour atteindre un niveau très préoccupant. Le cast se fait peu à peu à l’idée : ils sont convaincus que la série court tout droit à l’annulation.
Et Heather Locklear fût…
Les changements de mi-saison n’y font rien : "Melrose Place" est au fond du trou. Dans un dernier élan, Spelling décide d’abattre sa dernière carte : il fait alors appel à sa muse, Heather Locklear, pour un arc de 4 épisodes. L’actrice est surtout réputée pour son rôle sulfureux dans "Dynasty" ainsi que pour la série policière "Hooker". Locklear jouera le rôle de l’impitoyable Amanda Woodward. Dès ses premières apparitions, l’audience commence à grimper et la série poursuivra cette remontée inattendue jusqu’à la fin de saison.
La première apparition de Locklear le 27 janvier provoque immédiatement une hausse de 16% de l'audience de la série. Peu à peu, la série gagne du terrain et remonte au niveau des premiers épisodes de la série à partir de février 1993. Avec une moyenne de 9.1% pour ses 9 derniers épisodes, l'audience redevient satisfaisante. "Melrose Place" redépasse même les 10% pour la première fois depuis juillet 1992 en mai 1993.
Un messie qui coute cher
La FOX est séduite, les téléspectateurs l’adorent : Spelling lui propose alors de rester dans la série. Finalement, elle n’en partira jamais mais restera toujours créditée en tant que « guest-star ». L’idée qu’Heather Locklear sauva "Melrose Place" n’est pas totalement fausse mais la réalité est bien plus complexe que cela. Locklear entraina surtout un nouvel élan de motivation de la part de l’équipe de scénaristes : ces derniers vont alors créer des arcs plus puissants, épicer les intrigues : mariages, divorces, chantages, vengeance, folie, meurtres, adultères, retours d’entre les morts, voilà ce qui sauva réellement "Melrose Place". Le triangle amoureux entre Billy, Alison et Amanda restera la première intrigue sur laquelle la FOX capitalisera afin de créer le buzz. Les audiences repassent la barre des 10 millions de fidèles : un bon score pour la FOX qui renouvelle la série. Et surtout, "Melrose" se classe n°1 sur les femmes entre 18 et 34 ans : une des cibles phares des publicitaires.
Pourtant, Locklear s’attribue le succès du show et compte bien faire monnayer son statut de messie. La blonde sulfureuse va ainsi toucher pas moins de 100.000 dollars par épisode, un montant bien plus élevé que n’importe quel autre acteur de la série. "Melrose Place" était alors réputé pour mal rémunérer son cast. Le salaire de Locklear va alors faire l’effet d’une bombe parmi les autres acteurs du show. Des années plus tard, quant on la questionne sur la possibilité d’une réunion, Daphné Zuniga aura alors cette réponse sèche : « J’ai dit à la FOX que j’accepterais de participer à une réunion que si ils me payent à la hauteur de ce qu’ils auraient du me payer quand j’ai fait la série originale » ! Zuniga, qui n’a décidément pas sa langue dans sa poche, avouera plus tard que le fait que Locklear soit systématiquement glorifié comme la star de "Melrose" titillait un peu le reste du cast.
La série opère un blanchiment de casting
Grâce à sa remontée inopinée d’audience, "Melrose Place" est donc sauvée et reviendra pour une saison 2. La crainte de la production est que la série ne parvienne pas à conserver sa dynamique d’audience et que celle-ci retombe comme un soufflé dès le début de la nouvelle saison. Il faut donc peaufiner le casting. Outre Heather Locklear, les deux autres « bitches » de "Melrose Place", Marcia Cross alias Kimberly Shaw et Laura Leighton alias Sydney Andrews, deviennent régulières.
En parallèle, la production opère un véritable « blanchiment de casting » en virant la seule actrice black du show : Vanessa Williams. Ce terme de « blanchiment » vient de Star lui-même et il n’y apportera jamais de véritables explications. Des acteurs blacks continueront à apparaître dans la série mais seulement en guest star. Les problématiques de « quota » étaient, il faut l’avouer, bien moins présentes dans les années 90.
Le départ fut particulièrement brutal pour Vanessa Williams. Elle n’apprit en effet son licenciement que quelques jours avant le début du tournage de la saison 2. Elle déclarera alors dans les magazines américains que son départ n’est que temporaire et que les producteurs lui ont promis de réapparaitre plus tard. Il n’en sera rien. Pis, cette réputation de « recalée » fera un mal considérable à l’actrice qui ne retrouvera jamais de rôle probant à la télévision.
Les audiences s’envolent
Mission réussie : la saison 2 voit son audience grimper. La série connaît son heure de gloire, autant en termes de succès d’audience que de succès critique. 14 millions de téléspectateurs sont au rendez-vous chaque semaine.
Malgré son retour en septembre et non plus l'été, la saison démarre bien, au même niveau que la fin de la première. Les audiences se maintiennent au fil des semaines, et "Melrose" décroche même son second plus haut score historique (11.2%) en novembre. Durant la dernière partie de sa seconde saison, "Melrose Place" franchit un nouveau cap et permet à la FOX de parfois devancer ses adversaires. A partir de mars 1994, la série ne repasse plus sous les 10% et enchaîne une série de records : nouveau record historique (11.7%) le 2 mars, puis le 27 avril pour l'épisode "The Bitch Is Back" (12.4%).
Le 18 mai 1994, libérée de la concurrence de NBC qui propose des rediffusions, "Melrose Place" termine sa saison en apothéose et réalise un nouveau record historique avec son 2-hour season finale, qui restera d'ailleurs le plus haut score de la série avec un taux de 13.3% sur les foyers. La FOX termine ainsi leader de 20h à 22h avec 21% de part de marché !
La saison 2 de la série restera la plus regardée de son histoire avec un taux moyen sur les foyers de 10.3%, soit une hausse de 24% par rapport à la saison 1.
Rendez-vous demain 8h pour la troisième partie.
Merci à Cole (Amaury) qui a réalisé cette
rétrospective évènement de très grande qualité.