TOP Séries, Place 16 : Harry's Law
Pour la deuxième année consécutive, AudiencesUSA.com vous présente le Classement Série de la Saison 2011 / 2012. Ici, pas d'audience ou de taux sur les 18-49 ans pour dresser le TOP 45 de l'année. Mais un jugement critique, impitoyable et qui ne mettra pas forcément tout le monde d'accord. Les commentaires seront bien évidemment là pour exprimer votre approbation ou votre indignement face au classement proposé.
Cette année, le classement vous a été concocté par François et Tao du site www.Id-Series.com. Un TOP 45 qui sera déroulé jusqu'à début septembre.
On rappelle que ce classement série a pour objectif de proposer 45 critiques de séries diffusées au cours de la saison 2011 / 2012. Des critiques portant sur des séries qui ont marquées ou caractérisées l'année pour diverses raisons. Le TOP 45 est donc un ordonnancement des 45 séries qui seront reviewées pendant ces quelques semaines. Mais attention : si une série ne figure pas dans le classement, ça ne veut pas dire qu'elle est jugée pire que les 45 séries présentes. Bonne lecture !
PLACE 16 : HARRY'S LAW (saison 2)
Harry’s Law aura plus marqué la saison télévisuelle par son destin que par son contenu à proprement parler. En effet, malgré ses 8 millions de fidèles – Harry’s Law est la série N°1 de NBC – elle a passé l’arme à gauche en mai dernier au bout de 2 petites saisons de bons et loyaux services. Et ce malgré la bonhomie de Kathy Bates qui a passé son temps à tirer à boulets rouges sur la direction de la chaîne (à raison, reconnaissons-lui ce mérite).
Pourquoi ? Tout simplement car parmi ces 8 millions de téléspectateurs, la plupart serait même déjà trop vieux pour être les grands-parents de Kathy Bates. La rumeur prétend même que le million de téléspectateurs perdus entre les deux saisons de la série serait en réalité décédé au fur et à mesure de la diffusion. NBC a donc certainement dû estimer qu’entre la canicule et la tempête Debby en Floride, le renouvellement d’Harry’s Law ne valait pas le coup …
Plus sérieusement, la série aura au moins eu le mérite de créer une jurisprudence démontrant que seules les performances sur la cible commerciale sont déterminantes dans le renouvellement d’une série. Le cas d’Harry’s Law est d’autant plus rageant qu’elle est une bonne série. Non pas une série inventive, non pas une série qui fera date, mais une bonne série. Elle constitue même un cas d’école : celui de la série décevante, pour ne pas dire de la mauvaise série, qui a su se réinventer pour donner au public exactement ce qu’il attendait.
La saison 1 d’Harry’s Law était très fastidieuse : Kelley avait ainsi voulu délocaliser son Boston de cœur dans les banlieues de Cincinnati en mettant en scène un cabinet d’avocat, certes toujours aussi fantasque, mais traitant des problèmes de banlieue, de gang et de drogue. Non pas que les épisodes étaient particulièrement mauvais, simplement la mayonnaise ne prenait pas. Les intrigues étaient lambdas, les personnages un peu creux, peut-être trop terre-à-terre. On avait surtout l’impression d’avoir déjà vu cela ailleurs, et en mieux. Comme disent les executives américains, la série n’était juste pas « compelling ».
En saison 2, Kelley a donc décidé de faire table rase du passé en refaisant ce qu’il sait faire le mieux : du Kelley, tout simplement. Fini la petite bicoque de quartier de la première saison, bienvenue dans le somptueux cabinet-loft, cher aux séries de Kelley. Le changement de décor est aussi radical que le changement de pitch. On retrouve du Kelley pur jus, sans les ajouts artificiels de la saison 1 : à savoir deux intrigues principales par épisode, l’une plutôt sociétale, ton dramatique et l’autre plus légère, voire carrément excentrique.
En d’autres termes, le procès du doigteur de mouton côtoie celui de la clinique qui s’oppose à l’avortement. Le tout est servi par un cast 5 étoiles, à commencer par la bougonnante Kathy Bates, rappelant évidemment le personnage de Denny Crane et le fastueux Tommy Jefferson… rappelant également le personnage de Denny Crane. C’est d’ailleurs tout le problème – et à la fois l’attrait – de la série : elle est extrêmement proche de Boston Legal.
On a un peu le sentiment qu’à la suite de la saison 1 – qui avait reçu un accueil plutôt mitigé – NBC a demandé à Kelley de muscler sa copie, dans l’espoir peut-être aussi de la rajeunir. Une bonne partie du cast a donc été décimé, sans être Kelleyrisé pour autant (un exploit), et une armada de nouveaux acteurs, au physique très Kelleyrien (à commencer par Mark Valley, déjà dans Boston Legal) a rejoint la série. Et plutôt que de s’embêter à réinventer un style, Kelley a tout simplement appliqué sa formule consacrée.
Sauf que chacune de ses précédentes séries judiciaires avait inventé un ton propre : The Practice était un vrai drame, Ally McBeal une vraie comédie et Boston Legal, un mélange des deux. Or, Harry’s Law n’invente rien et se situe tout droit dans le sillon de la dernière née : Boston Legal. Les souvenirs sont donc encore un peu frais. Les ressemblances sont frappantes, jusqu’à l’utilisation de méta-références (les personnages font allusion au fait qu’ils jouent dans une série) et même le traditionnel whisky-débriefing en fin d’épisode, rappelant évidemment les fameuses « balcony scenes » de Boston Legal.
La série est loin de faire pâle copie de Boston Legal. La copie est même très réussie, les épisodes sont extrêmement bien rythmés, tantôt déchirants, tantôt émouvants. Les intrigues sont passionnantes, les questions sociétales toujours impeccablement abordées et documentées. Kelley a un style unique, parvenant à nous tenir à haleine quelque soit le procès, tout en sachant relâcher la pression quand nécessaire. Ce mec-là, il sait comment faire une série et cela se sent. Son absence la saison prochaine (du moins dans une série judiciaire), marquera un grand manque.
En deux mots : Harry’s Law est une très bonne série. Injustement annulée. Une vraie dramédie judiciaire, drôle, passionnée et passionnante comme il n’en existe aucune d’autre à l’heure actuelle. Tout simplement car seul David E. Kelley en connait la recette. Malgré tout, elle sera restée très proche de la géniale Boston Legal. Finalement, regarder Harry’s Law revient un peu à coucher avec la première venue après une rupture difficile. On peut passer de très bons moments, mais ce n’est tout de même pas la même chose qu’avec l’originale.
RENDEZ-VOUS CET APRES-MIDI A 14H POUR DECOUVRIR LA PLACE N°15.
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